Le recours aux travailleurs intérimaires roumains dans l’industrie française est un phénomène en forte croissance. Ces travailleurs, souvent détachés par des agences d’intérim, sont employés pour des missions temporaires dans divers secteurs industriels, allant de la construction à l’automobile en passant par l’agroalimentaire. Bien que ce système offre des avantages économiques tant pour les entreprises que pour les travailleurs, il soulève également des questions sur les différences culturelles et professionnelles entre les travailleurs roumains et leurs collègues français. Ces différences peuvent affecter la dynamique de travail, la productivité et même les relations interpersonnelles au sein des équipes.
Dans cet article, nous explorerons les principales différences culturelles et professionnelles entre les travailleurs intérimaires roumains et les employés français, et comment ces différences influencent la vie en entreprise et les interactions professionnelles.
I. Les différences culturelles : perception du travail et comportements en entreprise
1. L’approche du travail : une différence de valeurs et de mentalités
L’une des différences culturelles les plus notables entre les travailleurs intérimaires roumains et les employés français réside dans leur perception du travail et de l’autorité. En Roumanie, le respect de l’autorité et la hiérarchie sont souvent très marqués. Les travailleurs roumains peuvent avoir une vision plus traditionnelle du rapport au supérieur hiérarchique, où la communication est souvent formelle et respectueuse, et où les décisions des managers sont rarement contestées.
En revanche, dans les entreprises françaises, le système hiérarchique peut être plus flexible, et il est parfois plus courant que les employés, y compris les intérimaires, expriment ouvertement leurs opinions ou remettent en question les décisions des responsables. Cette différence de perception peut engendrer des malentendus entre les travailleurs roumains et leurs collègues français, surtout dans un environnement où les discussions ouvertes et le dialogue sont valorisés. Par exemple, un travailleur roumain pourrait hésiter à poser des questions ou à soulever des problèmes de manière directe, alors qu’un salarié français pourrait considérer ce silence comme une forme de non-engagement ou d’insatisfaction.
2. La notion de ponctualité et de respect des horaires
La ponctualité et le respect des horaires de travail sont des points de différence notables entre les cultures roumaine et française. En Roumanie, bien que la ponctualité soit généralement respectée, il existe parfois une certaine flexibilité en matière d’horaires, en particulier dans des contextes moins formels ou dans des secteurs non réglementés. Par contraste, en France, la ponctualité est souvent perçue comme un signe de professionnalisme, et des retards peuvent être mal vus, en particulier dans les grandes entreprises et les environnements de travail plus structurés.
Cela peut entraîner des tensions entre les travailleurs roumains et leurs collègues français si les intérimaires roumains ne respectent pas strictement les horaires ou si des différences d’interprétation de la ponctualité apparaissent dans les équipes. Cette différence de culture temporelle peut être source de frustration pour les employeurs français qui attendent une certaine rigueur en matière de respect des horaires.

3. La gestion des conflits et la communication
Une autre différence culturelle significative réside dans la manière de gérer les conflits et de communiquer au travail. En Roumanie, dans de nombreuses entreprises, les conflits sont souvent traités de manière discrète, voire évitée. Le but étant de maintenir une harmonie et d’éviter les confrontations directes, les discussions sur les problèmes sont souvent limitées ou reportées. À l’inverse, en France, il est courant d’aborder les conflits de manière ouverte et de chercher à résoudre les problèmes directement en échangeant avec les personnes concernées.
Pour un travailleur roumain, cette approche directe et parfois explicite de la gestion des conflits peut sembler agressive ou déstabilisante, surtout si ce dernier préfère des solutions plus discrètes et indirectes. Inversement, un travailleur français pourrait percevoir un collègue roumain comme non-engagé ou passif s’il ne prend pas l’initiative de participer aux discussions ou de signaler un problème.
II. Les différences professionnelles : approche du travail et pratiques organisationnelles
1. La conception du travail d’équipe et des relations interpersonnelles
Les travailleurs roumains, tout comme les travailleurs français, doivent faire face à des environnements de travail collectifs dans de nombreuses industries. Cependant, les attentes en matière de collaboration peuvent différer. En Roumanie, le travail d’équipe est souvent perçu comme un moyen d’atteindre des objectifs communs, mais il peut aussi être influencé par des considérations individuelles. Dans des contextes plus hiérarchisés, les membres de l’équipe roumaine peuvent se concentrer davantage sur la réalisation de leur tâche sans toujours tenir compte de la dimension collaborative en dehors de leur propre zone de responsabilité.
En revanche, les entreprises françaises mettent souvent un accent particulier sur le travail d’équipe et la coopération entre les différents départements. La notion d’entraide et de partage des responsabilités est plus développée, et il est attendu de chaque employé, même intérimaire, qu’il participe activement aux tâches collectives, échange avec ses collègues et propose des solutions pour améliorer l’efficacité du groupe.
Ainsi, un travailleur intérimaire roumain pourrait, dans certains cas, avoir une approche plus individualiste du travail, tandis qu’un employé français pourrait être plus enclin à partager des idées, à proposer des solutions en groupe et à solliciter des retours d’expérience sur ses propres pratiques. Cette différence peut créer des tensions ou des incompréhensions lorsque les attentes en matière de collaboration ne sont pas claires.
2. La gestion du stress et de la pression au travail
Les travailleurs roumains et français peuvent également avoir des approches différentes face au stress et à la pression dans leur environnement professionnel. En Roumanie, où le marché du travail a longtemps été marqué par l’instabilité et la précarité, de nombreux travailleurs peuvent être habitués à un environnement plus stressant et peuvent accepter une certaine pression sans se sentir nécessairement dépassés. En revanche, dans le contexte français, bien que la pression au travail soit également présente, il existe une plus grande attention à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, ainsi qu’une culture d’expression des difficultés professionnelles.
Pour un employé français, il pourrait être plus facile d’exprimer son stress ou ses difficultés, et de rechercher des solutions pour alléger la charge de travail, comme discuter avec son manager ou demander des ajustements. Tandis qu’un intérimaire roumain pourrait hésiter à faire part de ses préoccupations, par crainte de perdre sa mission ou de sembler moins capable, ce qui pourrait créer des frictions au sein de l’équipe si ces tensions ne sont pas gérées.
3. La gestion des compétences et des formations
En termes de compétences et de formation, les travailleurs roumains peuvent être formés de manière différente par rapport à leurs collègues français. Les formations professionnelles en Roumanie peuvent être moins standardisées ou adaptées aux spécificités du marché français, ce qui peut créer un écart dans les attentes en matière de compétences. De plus, les travailleurs roumains peuvent rencontrer des difficultés à se familiariser avec les technologies ou les méthodes de travail françaises, notamment si ces technologies sont spécifiques au marché local.

Dans le cadre de l’intérim, la formation sur le terrain peut être essentielle pour permettre une meilleure intégration. Cependant, les entreprises françaises, parfois plus exigeantes, attendent une montée en compétences rapide et une prise d’initiative de la part des travailleurs intérimaires, ce qui peut être un défi pour les travailleurs roumains moins habitués à ce mode de fonctionnement. Il peut également y avoir une certaine pression sur les intérimaires pour qu’ils soient immédiatement opérationnels sans formation approfondie.
III. Comment améliorer la collaboration entre travailleurs intérimaires roumains et employés français ?
1. Sensibilisation et formations interculturelles
Pour améliorer les relations professionnelles et réduire les incompréhensions, il est essentiel de mettre en place des programmes de sensibilisation et de formation interculturelles. Ces formations peuvent aider les travailleurs roumains et français à mieux comprendre les différences culturelles et à adapter leur comportement au sein des équipes. En apprenant les spécificités des deux cultures, les employés pourront plus facilement se comprendre et développer une meilleure cohésion au travail.
2. Faciliter l’intégration des travailleurs intérimaires
Les entreprises françaises peuvent également prendre des mesures concrètes pour faciliter l’intégration des travailleurs intérimaires roumains. Des programmes d’intégration, des sessions de formation linguistique, ainsi que des points de rencontre réguliers entre les équipes peuvent aider à surmonter les barrières culturelles et linguistiques. Créer des espaces de communication ouverts et inclusifs permet de réduire l’isolement des travailleurs intérimaires et de les rendre plus engagés au sein de l’entreprise.
3. Améliorer la communication et l’échange
Enfin, encourager une communication ouverte et respectueuse entre les travailleurs roumains et français est essentiel pour éviter les malentendus. Les managers et responsables d’équipes doivent promouvoir un environnement où chacun se sent libre de poser des questions, d’exprimer des préoccupations et de partager des idées, indépendamment de sa culture d’origine.
Conclusion
Les différences culturelles et professionnelles entre les travailleurs intérimaires roumains et les employés français peuvent avoir des conséquences importantes sur la dynamique de travail, la productivité et la gestion des relations humaines au sein des équipes. Toutefois, ces différences peuvent être atténuées par une meilleure compréhension interculturelle, des formations adaptées, et un engagement à créer un environnement de travail inclusif. En agissant ainsi, les entreprises peuvent tirer parti de la richesse de la diversité culturelle et optimiser la collaboration entre leurs travailleurs, tout en respectant les spécificités de chaque culture.