La question du coût du travail est au cœur des débats économiques et sociaux, en particulier dans le contexte de la mondialisation et de la libre circulation des travailleurs au sein de l’Union Européenne. Dans ce cadre, la comparaison des coûts du travail entre les travailleurs intérimaires roumains et français soulève des enjeux importants, notamment pour les entreprises, les syndicats et les travailleurs eux-mêmes. Cet article propose une analyse détaillée de cette comparaison, en prenant en compte plusieurs dimensions du coût du travail : les salaires, les charges sociales, les conditions de travail et les facteurs externes influençant le marché de l’emploi.
1. Le coût salarial : une différence marquée
Le coût salarial, qui inclut le salaire brut payé par l’employeur, est souvent l’élément central de la comparaison entre les travailleurs intérimaires roumains et français. En Europe, les différences de salaires sont importantes en fonction des pays, et cette inégalité se reflète particulièrement dans le secteur de l’intérim.
1.1 Salaires des travailleurs intérimaires roumains
En Roumanie, les salaires sont globalement bien inférieurs à ceux observés dans les pays de l’Europe de l’Ouest, en particulier la France. En 2023, le salaire moyen brut mensuel en Roumanie était d’environ 1 000 euros, ce qui est considérablement plus bas que celui des travailleurs français, qui oscillent autour de 2 500 euros en moyenne. Cette disparité salariale est également observable dans le secteur de l’intérim, où les travailleurs roumains perçoivent souvent des salaires proches du salaire minimum, qui est d’environ 700 euros bruts par mois.
Les travailleurs intérimaires roumains, qui partent souvent à la recherche de meilleures opportunités économiques à l’étranger, acceptent des rémunérations inférieures à celles des travailleurs français, ce qui constitue un atout pour les entreprises françaises qui embauchent des intérimaires.

1.2 Salaires des travailleurs intérimaires français
En France, le salaire des travailleurs intérimaires varie en fonction du secteur d’activité et du niveau de qualification. En 2023, le salaire horaire moyen d’un intérimaire français était d’environ 11 à 13 euros brut, soit environ 1 700 à 2 000 euros brut par mois pour une semaine de travail complète. Bien sûr, ces chiffres peuvent varier selon l’industrie et la région, mais ils restent globalement plus élevés que ceux des travailleurs roumains. Dans les secteurs comme la construction, l’agroalimentaire et l’industrie automobile, où la demande de main-d’œuvre intérimaire est élevée, les salaires peuvent atteindre des niveaux plus élevés, parfois supérieurs à 2 500 euros bruts par mois.
1.3 Impact des salaires sur le coût du travail global
La différence de salaire brut entre les travailleurs intérimaires roumains et français entraîne un écart substantiel dans le coût du travail pour les entreprises. Une entreprise qui emploie un intérimaire roumain pour une mission en France peut réaliser des économies substantielles en matière de coûts salariaux. Cependant, cet écart salarial s’accompagne souvent de coûts supplémentaires pour l’entreprise, notamment en matière de gestion des risques liés à la qualité du travail, à la fidélisation des travailleurs et à la formation.
2. Les charges sociales et fiscales : un autre facteur clé
Les charges sociales représentent une part importante du coût du travail. Elles incluent les cotisations versées par l’employeur pour financer les assurances sociales (retraite, santé, chômage, etc.), ainsi que les taxes fiscales.
2.1 Charges sociales en Roumanie
En Roumanie, les charges sociales sont globalement plus faibles que celles observées en France. En 2023, les cotisations sociales à la charge de l’employeur en Roumanie s’élevaient à environ 2-3 % du salaire brut, ce qui constitue un faible pourcentage par rapport à la France. Cela fait du marché du travail roumain un atout pour les entreprises européennes, qui peuvent bénéficier de charges sociales relativement faibles, tout en offrant des salaires compétitifs par rapport à d’autres pays de l’Union Européenne.
2.2 Charges sociales en France
En France, le coût des charges sociales est beaucoup plus élevé. Selon les secteurs et les types de contrats, les charges sociales peuvent représenter jusqu’à 40 à 45 % du salaire brut. Par exemple, pour un salaire brut de 2 000 euros, l’entreprise devra payer des charges sociales supplémentaires de l’ordre de 800 à 900 euros. Cela rend les travailleurs intérimaires français plus coûteux pour les entreprises par rapport à leurs homologues roumains, même si les salariés français bénéficient de meilleures prestations sociales, telles que la couverture santé, l’assurance chômage et la retraite.
2.3 L’effet de ces différences sur les coûts totaux pour l’entreprise
Le coût total du travail pour une entreprise employant des intérimaires varie donc considérablement en fonction des charges sociales. Pour une mission similaire, un travailleur intérimaire roumain coûtera beaucoup moins cher en termes de charges sociales qu’un intérimaire français. Cependant, cette économie peut être contrebalancée par d’autres facteurs, comme les coûts logistiques, les coûts de formation ou les risques accrus liés à une main-d’œuvre moins expérimentée.
3. La qualité et la stabilité de l’emploi : un facteur déterminant
La qualité de l’emploi est un autre élément important du coût du travail. Il est bien connu que la stabilité et les conditions de travail jouent un rôle clé dans la productivité et la satisfaction des employés, et ces facteurs varient significativement entre les travailleurs intérimaires roumains et français.
3.1 Les conditions de travail des intérimaires roumains
Les travailleurs intérimaires roumains, qui cherchent souvent des opportunités à l’étranger, acceptent des conditions de travail qui peuvent être plus difficiles que celles des travailleurs permanents. Dans de nombreux cas, les intérimaires roumains sont employés dans des secteurs à haute demande de main-d’œuvre, comme l’agroalimentaire ou la construction, où les horaires sont souvent longs et les conditions physiques de travail peuvent être pénibles. Les travailleurs roumains peuvent également faire face à des discriminations ou à des traitements inégaux par rapport aux travailleurs locaux.

3.2 Les conditions de travail des intérimaires français
Les travailleurs intérimaires français bénéficient en général de meilleures conditions de travail en termes de sécurité, de droits sociaux et de formations professionnelles. Ils ont droit à une rémunération plus élevée, à une couverture sociale étendue et à un accès à des protections en cas de licenciement ou de perte d’emploi. Toutefois, ils ne sont pas à l’abri des conditions difficiles, surtout dans les secteurs à forte demande de main-d’œuvre comme l’intérim industriel. La protection des travailleurs intérimaires français est assurée par des conventions collectives et par les syndicats, qui défendent leurs droits au niveau national.
3.3 L’impact de la qualité de l’emploi sur le coût pour l’entreprise
Les différences de qualité de l’emploi entre les travailleurs intérimaires roumains et français peuvent avoir des répercussions importantes sur la productivité et le turnover. Les travailleurs roumains, souvent moins expérimentés et moins formés, peuvent être moins efficaces que leurs homologues français. Cela peut entraîner des coûts supplémentaires pour l’entreprise en termes de formation, de supervision et de gestion des risques. En revanche, les travailleurs français, bien que plus coûteux, bénéficient souvent de meilleures qualifications et d’une plus grande stabilité, ce qui peut réduire le taux de turnover et les coûts liés à la gestion des ressources humaines.
4. Autres facteurs influençant les coûts du travail
Au-delà des salaires et des charges sociales, plusieurs autres facteurs influencent le coût du travail des intérimaires roumains et français, notamment :
- Les coûts de mobilité : Les travailleurs intérimaires roumains qui viennent en France peuvent avoir des coûts de déplacement et de logement à prendre en compte. Ces coûts peuvent parfois être pris en charge par l’employeur, mais ils peuvent aussi réduire l’attractivité de l’emploi pour certains travailleurs.
- Les compétences et la formation : Les travailleurs intérimaires français bénéficient souvent de formations professionnelles adaptées, ce qui peut rendre leur travail plus efficient et réduire les risques d’accidents ou d’erreurs. Les travailleurs roumains, quant à eux, peuvent nécessiter davantage de formation, surtout s’ils ne sont pas familiers avec les spécificités du marché français.
- La réglementation du travail : Les réglementations du travail en France sont plus strictes que celles en vigueur en Roumanie. Les protections des travailleurs français, en termes de sécurité, de temps de travail et de conditions de travail, sont plus complètes. En revanche, les travailleurs intérimaires roumains peuvent parfois être soumis à des contrats moins protecteurs.
5. Conclusion
En somme, le coût du travail des travailleurs intérimaires roumains est globalement inférieur à celui des travailleurs intérimaires français, en raison des différences de salaires et de charges sociales. Cependant, cette différence s’accompagne de défis spécifiques, notamment en termes de qualité du travail et de stabilité de l’emploi. Les entreprises peuvent être tentées par les coûts plus bas des travailleurs roumains, mais elles doivent également prendre en compte les coûts cachés liés à la gestion des risques et à la formation. Pour les travailleurs eux-mêmes, la comparaison des coûts du travail met en lumière les disparités importantes en matière de conditions de vie et de sécurité au travail. La question du coût du travail ne se limite donc pas à une simple analyse salariale, mais doit intégrer l’ensemble des dimensions économiques, sociales et humaines.